Colonie, hibernation, alimentation, reproduction : voici comment vit la marmotte !
Mascotte des montagnes françaises, la marmotte reste assez mal connue. Les visiteurs du Parc de Courzieu nous posent de multiples questions sur nos pensionnaires. Vous voulez savoir comment la marmotte passe l’hiver, quel est son mode de vie, ce qu’elle mange, où elle dort…
Voici pour vous tout ce qu’il faut savoir sur comment vit la marmotte, expliqué par nos soigneurs !
Pourquoi les marmottes vivent-elles en colonie ?
Comme tout être vivant, ce grand rongeur est soumis aux contraintes de son environnement. La vie en colonie chez la marmotte répond donc à une nécessité vitale – même si elle apprécie bien évidemment la vie en collectivité !
Le milieu de vie de la marmotte est la montagne, le plus souvent entre 1500 et 2500 m d’altitude – un environnement soumis à des conditions climatiques extrêmes durant une bonne partie de l’année. Pour survivre, chaque espèce a développé sa propre stratégie : celle des « siffleux », comme on les surnomme, consiste à vivre en groupe et à hiberner. Nous y reviendrons…
La colonie de marmottes comporte généralement entre cinq et douze individus, constituant un ou plusieurs groupes familiaux. En tant qu’animal craintif et proie potentielle de multiples prédateurs, en particulier l’aigle royal et le renard, la marmotte a tout intérêt à vivre en groupe. Ainsi, dès que la colonie quitte le terrier, un guetteur a pour mission d’observer les alentours. Au moindre signe de danger potentiel, la sentinelle pousse un sifflement puissant, audible à un kilomètre de distance (ce qui lui a valu son surnom). Aussitôt, tous les animaux de groupe se précipitent à l’abri…
Où vivent les marmottes ?
Chaque colonie de marmottes occupe un territoire assez petit – guère plus d’une centaine de mètres autour du terrier. Celui-ci est creusé par les animaux eux-mêmes, dans un environnement orienté au sud et dégagé pour faciliter la surveillance des alentours.
L’habitation des marmottes comporte différentes pièces reliées par des galeries. Chaque salle est dédiée à une fonction précise : le sommeil, la nourriture, la toilette, etc. Le terrier est également doté de plusieurs issues, toujours dans un souci de sécurité. Quand on vous dit qu’elle est craintive, notre marmotte !
Mais la principale particularité du terrier des marmottes, c’est qu’elles en ont en réalité plusieurs ! Au minimum, chaque colonie dispose d’un logement pour l’été (de juin à octobre) et d’un autre pour l’hiver, appelé hibernaculum. À ces deux essentiels, s’ajoute souvent un terrier dit « de fuite », rudimentaire, qui sert uniquement d’abri d’urgence en cas de danger.
Que mangent les marmottes ?
Le régime alimentaire de la marmotte est essentiellement végétarien. L’animal se nourrit de plantes variées : herbes, graminées, fleurs, bourgeons, racines, baies, jeunes pousses… De temps à autre, elle peut manger des larves ou de petits insectes.
La marmotte est cæcotrophe : elle ré-ingère une partie de ses crottes pour en assimiler les nutriments. Enfin, elle ne boit jamais, se contentant de l’humidité contenue dans les plantes. C’est pourquoi elle se nourrit de préférence en début et en fin de journée, pour profiter de la rosée.
Pour prévenir toute attaque de prédateur, les marmottes mangent à tour de rôle, sous la surveillance d’un guetteur.
Suivant la période de l’année, les marmottes se nourrissent différemment. En effet, avant l’hibernation, les animaux doivent se constituer une réserve graisseuse suffisante pour survivre aux rigueurs hivernales. De juillet à octobre, chaque marmotte avale jusqu’à 70 kg de nourriture, soit 10 à 15 fois son poids !
Comment les marmottes se reproduisent-elles ?
La maturité sexuelle chez la marmotte se situe aux environs de trois ans. Le couple accompagné de ses petits forme l’unité de base de la colonie.
L’accouplement chez la marmotte a lieu courant mai. Seul le couple dominant se reproduit, après quelques combats sans gravité entre le mâle dominant et ses éventuels concurrents.
La gestation de la marmotte dure à peu près 35 jours, à l’issue desquels la femelle met bas 2 à 7 marmottons, aveugles et sans poils. Ceux-ci voient le jour début juin, à l’abri du terrier d’été, mais ne sortent souvent pas avant mi-juillet. Constituant des proies faciles, ils passent l’essentiel de leur temps dans le terrier, à téter et dormir. Le lait maternel constitue leur seule alimentation durant leurs six premières semaines de vie.
Comment se passe l’hibernation chez la marmotte ?
C’est là sûrement l’aspect le plus connu de la vie des marmottes ! Six mois sur douze, ces gros rongeurs dorment à poings fermés – ou presque.
Dès mi-septembre, les marmottes commencent à aménager leurs quartiers d’hiver. Elles amassent 12 à 15 kilos de fourrage, qui leur permettront de conserver la chaleur dans l’hibernaculum. Celui-ci, d’une longueur d’au moins un mètre pour un diamètre de 40 cm, sera ensuite hermétiquement fermé à l’aide d’un bouchon composé de terre, de végétaux et d’excréments séchés.
Dans ce nid douillet, la colonie de marmottes hiberne de mi-octobre au début de l’été suivant. Roulés en boule, serrés les uns contre les autres, les animaux dorment profondément, ne se réveillant que pour faire leurs besoins toutes les trois semaines environ. Pendant la période d’hibernation, les marmottes voient leur température corporelle chuter à environ 5°C… Le métabolisme, le rythme cardiaque et respiratoire ralentissent considérablement.
L’un des avantages de cette hibernation en groupe est d’offrir de meilleures chances de survie aux jeunes, moins bien armés pour passer l’hiver en raison de leur gabarit plus modeste.
Lors de l’hibernation, la marmotte peut perdre jusqu’à la moitié de sa masse corporelle. Certaines d’entre elles n’y survivent d’ailleurs pas… Rien que la phase de réveil, qui n’excède pas 48 heures, consomme 90 % de la graisse emmagasinée en vue de l’hibernation.
Vous voulez en savoir davantage sur les marmottes ? N’hésitez pas à venir observer notre colonie au Parc de Courzieu, dans le Rhône !