Fables, légendes et contes sur le loup : du mythe à la réalité

Lorsque les visiteurs du parc nous demandent pourquoi les loups hurlent, ils ont bien souvent une image mentale construite par les mythes et contes sur le loup de leur enfance. Le féroce prédateur assoiffé de sang et hurlant à la lune pour effrayer les pauvres gens a la peau dure ! Pourtant, le loup est un animal réservé, voire craintif, sociable et fort intelligent.

Alors, pourquoi cette peur du loup demeure-t-elle si vivace ? Plongée dans l’histoire des histoires qui ont fondé cette réputation imméritée de tueur sans pitié…

Le loup dans les contes au Moyen- ge

La haine du loup puise ses racines dans la terreur qu’il suscitait lorsqu’il était encore omniprésent dans nos campagnes. Il était alors le seul véritable prédateur pour l’homme et ses troupeaux et, à ce titre, était craint et détesté. Ce sentiment a prédominé en France jusqu’au début du XIXe siècle.

Il était donc tout naturel de faire endosser au loup le rôle du méchant, du croquemitaine qui viendrait emporter les enfants pas sages ! Car, dans toutes les cultures du monde, les contes ont pour mission première de faire tenir tranquille les plus jeunes en les menaçant des pires horreurs…

Mais les contes ne servent pas qu’à faire obéir les enfants. Ils ont aussi pour fonction d’exorciser les peurs les plus obscures des hommes. Et, si le loup personnifie aussi bien les terreurs humaines, c’est en grande partie à cause de son mode de vie. Grand prédateur, chassant en meute, hurlant la nuit : avouez que le tableau peut paraître effrayant !

La symbolique du loup dans les contes et légendes

Dans la mythologie européenne, comme partout ailleurs, les histoires de loup sont issues d’une transmission orale. Racontées au coin du feu depuis des temps immémoriaux, ces légendes ont acquis le statut de vérités ou, à tout du moins, de leçons à prendre au sérieux.

Dans les contes et fables sur le loup, dès l’époque gréco-romaine, l’animal est dépeint comme sauvage, agressif, sanguinaire, mais aussi stupide ou calculateur. Il symbolise les penchants sombres de l’homme, sa part animale.

Des histoires comme celle du loup du Gévaudan illustrent bien la répugnance de la population à considérer un homme capable de massacrer ses semblables, y compris des femmes et des enfants. Il est alors plus simple de lui substituer ou de lui adjoindre un auxiliaire féroce, j’ai nommé : le loup. La fonction du loup-garou est assez similaire.

Il est intéressant de noter que, dans d’autres cultures, l’image du loup est positive. Les Amérindiens, en particulier, le considèrent comme un symbole de courage, de liberté et de sagesse. Il joue parfois le rôle de guide spirituel.

Enfin, il faut noter que la psychanalyse s’est également emparée de l’image du loup, essentiellement pour en faire le symbole du prédateur sexuel…

Les contes et légendes les plus connus sur le loup

Du Roman de Renart aux dessins animés de Tex Avery, le pauvre loup n’a pas été gâté dans les histoires ! Aujourd’hui, heureusement, des personnages comme celui de Loup dans les livres d’Orianne Lallemand et Éléonore Thuillier tendent à casser cette image désastreuse… mais revenons à notre prédateur assoiffé de sang.

Si l’on exclut Ysengrin, personnage du XIIe siècle, la plus ancienne histoire de grand méchant loup est celle du Petit Chaperon Rouge. Attribuée à Charles Perrault, cette fable est en fait la transcription d’une histoire racontée oralement depuis une époque indéterminée. Les spécialistes s’accordent à penser que l’image du loup était d’ailleurs bien moins négative dans le récit d’origine que dans celui qui nous est parvenu…

Au XVIIe siècle, Jean de la Fontaine inclut le loup dans pas moins de 14 de ses fables : Le loup et l’agneau, Le loup, la mère et l’enfant, Le loup, la chèvre et le chevreau (qui se rapproche assez du conte Le loup et les sept chevreaux). Il est intéressant de noter que, dans ces histoires, le loup n’est pas systématiquement dépeint comme cruel et sauvage. Dans Le loup et le chien, sa position est même noble : il refuse de troquer sa liberté contre un collier, même accompagné de caresses et de bons repas…

Le loup et les sept chevreaux est un conte populaire allemand recueilli par les frères Grimm au début du XIXe siècle. Une fois de plus, l’animal y est montré comme cruel, rusé… et perdu à la fin de l’histoire par sa fainéantise.

Popularisé par Walt Disney dans une version édulcorée, Les trois petits cochons est un conte populaire datant du XVIIIe siècle. Là encore, l’animal est présenté comme un féroce prédateur qui dévore les cochons insuffisamment prévoyants… mais finit ébouillanté et dévoré par le troisième, plus avisé.

L’année 1936 voit la sortie du célèbre conte musical de Prokofiev, Pierre et le loup, dans lequel un jeune garçon intrépide brave l’interdit de son grand-père et sort du jardin. Il rencontre le méchant loup, mais, heureusement, les chasseurs l’aident à capturer l’affreuse bête…

Le loup dans la mythologie

Dans la plupart des traditions de l’hémisphère nord, on retrouve le loup dans la mythologie :

  • une louve aurait élevé Romulus et Remus, les deux frères fondateurs de Rome ;
  • parmi les dieux égyptiens, on trouve Oupouaout, pharaon censé accompagner les âmes des défunts ;
  • dans la mythologie scandinave, Fenrir est un loup gigantesque élevé par Loki et qui dévorera le soleil, signifiant la fin du monde ;
  • pour les tribus iroquoises, le loup est l’animal qui escorte les esprits des guerriers morts au combat vers les plaines du Grand-Esprit.

La vérité sur le loup !

La majorité des légendes sur le loup le diabolisent ou le ridiculisent. C’est une profonde injustice, à des lieues du vrai tempérament de cet animal ! Le loup est fort intelligent, sociable, et non agressif. Son régime alimentaire carnivore et son mode de vie en meute n’en font en aucun cas la bête cruelle et assoiffée de sang popularisée par les contes !

Pour démystifier le loup et lutter contre les préjugés dont il est encore victime, notamment chez les enfants, le Parc de Courzieu propose un sentier dédié aux maternelles. Dans cette « forêt aux p’tits loups », on aborde l’image de cet animal sous un angle neutre. Le loup n’est ni gentil, ni méchant : c’est un animal sauvage, avec des besoins et un mode de vie différents des nôtres.

En manière de clin d’œil, le Parc de Courzieu organise de temps à autre des soirées contées : venez frémir avec nous, puis rencontrer nos loups « pour de vrai » !

Venez rencontrer les loups au parc de Courzieu !