Quelles sont les espèces de chouettes présentes en France et en Europe ?
Lorsqu’on pense aux rapaces, les premières images qui nous viennent à l’esprit sont plutôt celles d’un aigle que d’un hibou ou d’une chouette… Et pourtant ! Ces oiseaux singuliers et méconnus ont des modes de vie fascinants.
Les visiteurs du Parc de Courzieu nous demandent souvent comment reconnaître les rapaces en vol, ce que mangent les aigles, mais aussi si la chouette est la femelle du hibou..
Nous avons donc eu envie de vous présenter les espèces de chouettes de l’Hexagone, avec leurs habitudes de vie et leur spécificités. Bienvenue dans le monde de la nuit !
Combien y a-t-il de chouettes en France ?
On trouve dans le pays neuf espèces de rapaces nocturnes, dont cinq chouettes. Toutes appartiennent à la famille des strigiformes et présentent certaines caractéristiques communes :
- des mœurs essentiellement nocturnes ;
- la capture des proies par attaque surprise ;
- une vue et une ouïe exceptionnelles ;
- des serres puissantes et des ailes adaptées au vol silencieux ;
- peu de différences entre les sexes.
Les chouettes de France appartiennent aux espèces suivantes : hulotte, chevêche d’Athéna, chevêchette d’Europe, effraie des clochers et chouette de Tengmalm. Ailleurs en Europe, on trouve cinq autres espèces : la chouette lapone, le harfang des neiges, la chouette de l’Oural, la chouette épervière et la chouette de Butler.
La chouette hulotte, signature sonore de nos campagnes
Avec son hululement caractéristique, ses grands yeux noirs dans une face toute ronde et sa propension à vivre à proximité des hommes, la chouette hulotte est certainement le rapace nocturne le plus courant chez nous.
De taille moyenne – 37 à 43 cm pour une envergure maximale de 96 cm – la hulotte vit dans les parcs, les bois et les forêts. Elle y chasse à l’affût les petits rongeurs dont elle se nourrit, ainsi que les insectes et les oiseaux qui améliorent son ordinaire. Elle fait son nid dans des cavités, des troncs d’arbres creux, d’anciens nids de pics ou des anfractuosités dans des bâtiments. Elle y élève généralement un à trois œufs qui éclosent au bout de 29 jours. Les jeunes hulottes quittent le nid à l’âge de quatre mois.
La chevêche d’Athéna, une chouette semi-diurne
C’est la seule chouette de France que l’on peut observer assez facilement de jour. Elle affectionne les espaces ouverts tels que champs, prairies ou pâturages bordés de haies, ce qui la rend d’autant plus aisément repérable.
La chevêche d’Athéna mesure 23 à 27 cm de long pour 50 à 60 cm d’envergure. Son alimentation est très variée : insectes, oiseaux, batraciens et reptiles de petite taille. Elle niche dans un trou d’arbre ou de bâtiment, où elle pond entre deux et cinq œufs que la femelle couve durant 28 jours. Les jeunes s’envolent au bout de cinq semaines environ.
La chevêchette d’Europe, le poids plume des chouettes
Avec ses 15 à 19 cm de long pour moins de 40 cm d’envergure, la chevêchette d’Europe fait figure de lilliputienne chez les rapaces nocturnes ! Si elle n’est pas plus grosse qu’un étourneau, elle n’en est pas moins une redoutable chasseuse, capable de s’attaquer à des proies plus grosses qu’elle. Elle apprécie particulièrement les rongeurs et les oiseaux : campagnols, mulots, mésanges, rouges-gorges…
La chevêchette apprécie les boisements anciens et mixtes, plutôt dans des sites isolés et en altitude. Elle niche souvent dans une ancienne loge de pic, où elle pond cinq à sept œufs qui sont couvés pendant environ un mois. Les jeunes, particulièrement vulnérables et maladroits, sont nourris par les parents durant près de quatre semaines.
L’effraie des clochers, un cri qui glace les sangs
Cette chouette à la tête pâle en forme de cœur et aux grands yeux noirs ne peut être confondue avec aucune de ses cousines. Elle doit son nom à son cri, rauque et strident (mais moins terrifiant toutefois que celui du grand-duc !).
La chouette effraie mesure 33 à 39 cm et affiche une envergure de 80 à 95 cm, ce qui en fait l’une des plus grandes de France. Son régime alimentaire se compose principalement de micro-mammifères, qu’elle chasse au crépuscule et à l’aube, voire de jour en hiver.
L’effraie des clochers, comme son nom le laisse supposer, aime nicher dans les bâtiments abandonnés ou les granges, même si on la trouve aussi dans les trous d’arbres. Elle y pond quatre à sept œufs qui éclosent au bout de 30 jours environ. Il faudra au moins 50 jours supplémentaires pour que les jeunes prennent leur envol.
La méconnue chouette de Tengmalm
Avec ses 25 cm de long, sa tête toute ronde et son regard d’or sur fond de plumage perlé, cette espèce est sans doute la plus craquante des chouettes présentes en France ! Elle vit surtout dans les forêts de conifères en altitude, notamment dans le Jura, les Pyrénées, le massif de la Vanoise et les Cévennes. Son alimentation se compose de petits rongeurs (campagnols et mulots pour l’essentiel).
La chouette de Tengmalm niche dans une cavité d’arbre ou dans l’ancien nid d’un pic. Les années où les proies sont abondantes, la ponte peut comporter jusqu’à dix œufs. Après un mois de couvaison et quatre à cinq semaines passées à profiter des attentions de leurs parents, les jeunes quittent le nid.
Quelles menaces pèsent sur les populations de chouettes en France ?
Comme les autres rapaces, les hiboux et les chouettes sont victimes des activités humaines, de manière directe ou indirecte. Le remembrement, l’évolution des pratiques agricoles et la disparition des habitats constituent un frein à la reproduction. Les principales causes de mortalité sont les collisions automobiles, la pollution, les empoisonnements, ainsi que les pièges d’origine humaine. Les poteaux électriques ou téléphoniques creux, les cheminées et les abreuvoirs à bétail causent ainsi chaque année d’innombrables pertes chez les chouettes.
Engagé dans la conservation des espèces et des écosystèmes, le Parc de Courzieu abrite des volières de reproduction et des nurseries pour les rapaces. Nous travaillons en étroite collaboration avec plusieurs parcs dans le monde, ainsi qu’avec différents programmes internationaux visant la protection de la faune.
Pour permettre au public de contempler et de mieux comprendre les rapaces, nous proposons chaque jour un spectacle en vol libre, en situation de prédation. Une occasion unique d’admirer les prouesses des chouettes en plein jour !
Vous souhaitez en apprendre davantage ? N’hésitez pas à visiter le parc et poser toutes vos questions à nos animaliers !