Hibou : les espèces qui vivent en France en toute discrétion
Les soigneurs du Parc de Courzieu, dans le Rhône, accueillent chaque année des milliers de visiteurs et répondent à autant de questions. Le volet pédagogique est en effet crucial dans la protection des espèces.
Les oiseaux de proie fascinent particulièrement le public, qui s’interroge par exemple sur comment reconnaître les rapaces en vol ou comment différencier une chouette d’un hibou.
Le hibou est une espèce méconnue, qui vit pourtant près de nous depuis fort longtemps. Partons à la découverte de ces superbes oiseaux.
Combien d’espèces de hiboux trouve-t-on en France ?
Sur notre territoire, on recense quatre espèces de hiboux :
- le grand-duc d’Europe, Bubo bubo pour les intimes, le plus grand rapace nocturne du pays ;
- le hibou moyen-duc, Asio otus, que l’on retrouve également un peu partout en Europe et dans le monde ;
- le petit-duc scops, Otus scops, dont la note flûtée résonne souvent dans les campagnes ;
- le hibou des marais, Asio flammeus, une espèce inféodée aux landes et aux marécages qui se font rares dans nos contrées.
Ces quatre espèces présentent les caractéristiques communes aux strigidés, vaste famille regroupant la majorité des rapaces nocturnes. Outre les fameuses « aigrettes » sur le sommet de la tête, les hiboux possèdent tous :
- un plumage favorisant le camouflage lors de la chasse à l’affût ;
- une ouïe extrêmement développée et un masque facial qui facilite le captage des sons et la localisation des proies ;
- une tête mobile à environ 270 ° ;
- un vol ultra-silencieux, notamment grâce à la texture du plumage ;
- des serres puissantes dotées de quatre doigts opposés.
Le dimorphisme sexuel chez les hiboux, comme chez les chouettes, est minime : la femelle est simplement plus grande que le mâle.
Le grand-duc d’Europe, prince des hiboux
Quiconque a déjà entendu le cri lugubre et puissante du grand-duc d’Europe n’est pas près de l’oublier ! Pourtant, ce n’est là qu’une des caractéristiques de ce fascinant oiseau.
Avec une envergure pouvant atteindre 188 cm, une taille de 58 à 75 cm pour un poids de 2,8 kg (pour le mâle) et 4,2 kg (pour la femelle), c’est le plus imposant rapace nocturne de France. Ses ailes immenses, ses aigrettes noires surmontant des yeux rouge orangé et ses pattes abondamment emplumées le rendent aisément reconnaissable.
Côté alimentation, le grand-duc se montre très éclectique. Il se nourrit de rongeurs, de lapins ou de hérissons, mais aussi d’oiseaux (rapaces diurnes et nocturnes, pigeons, pies, corneilles…), de lézards de grande taille, de reptiles, d’amphibiens et même de certains insectes. Les proies d’envergure ne lui font pas peur : le grand-duc est capable de s’attaquer à des fouines ou à des genettes, voire à des renards !
Pour nicher, le hibou grand-duc affectionne les milieux montagneux, notamment les falaises, mais il peut se contenter de petits éboulis ou d’un promontoire rocheux, voire d’une simple carrière en plaine. De manière exceptionnelle, l’oiseau peut nicher au sol ou dans un ancien nid de héron, de cigogne ou de rapace.
La femelle grand-duc pond 2 à 3 œufs et l’incubation dure environ 35 jours. Durant toute cette période, ainsi que pendant l’élevage des jeunes qui dure en moyenne deux mois, c’est le mâle qui assure le ravitaillement de toute la famille.
Le hibou moyen-duc, hôte commun de nos campagnes
Avec son hululement grave, ses yeux jaune orangé et ses longues aigrettes, le hibou moyen-duc fait partie des rapaces nocturnes courants. D’une envergure d’un mètre pour un poids compris entre 220 et 435 g, il fait figure de poids-plume par rapport à son cousin le grand-duc.
Le régime alimentaire du moyen-duc se compose pour l’essentiel de petits rongeurs, mais il ne dédaigne pas les passereaux et les insectes de type coléoptères.
Le moyen-duc apprécie les boisements de résineux, de préférence bordés de vastes plaines, ainsi que les haies touffues. Le comportement de ce hibou plutôt solitaire change radicalement à la saison des amours, où les oiseaux peuvent se regrouper en colonies de plusieurs dizaines d’individus.
La femelle élit domicile dans l’ancien nid d’une corneille, d’une pie, voire d’un écureuil, dans lequel elle pond ses œufs. La couvaison dure approximativement 28 jours, puis les oisillons éclosent. Ils restent avec leurs parents durant trois à quatre semaines, ce qui ne les empêche pas d’explorer leur environnement… au sol ! Le père assure l’essentiel du ravitaillement.
Le petit-duc scops, le Tom Pouce des hiboux
Avec ses 95 g pour une taille d’une vingtaine de centimètres et une envergure maximale de 54 cm, le petit-duc scops est un lilliputien chez les strigidés : à peine le gabarit d’un merle ! Au repos, ses aigrettes sont peu visibles, ce qui entraîne parfois des confusions avec la chevêche d’Athéna.
Ce petit hibou se nourrit de proies adaptées à sa taille : de gros insectes, de petits rongeurs et lézards, parfois des grenouilles.
Le hibou petit-duc affectionne les milieux semi-ouverts et la proximité des hommes ne le gêne pas. Il loge dans des cavités au sein de parcs, de vergers ou de bois de feuillus peu denses, parfois en moyenne montagne. Il hiverne majoritairement en Afrique.
La femelle petit-duc pond la plupart du temps 3 à 6 œufs dans le tronc d’un arbre creux ou dans l’ancienne loge d’un pivert. L’incubation, essentiellement assurée par la mère, dure environ 25 jours, durant lesquels le mâle lui apporte des proies. Il poursuit le ravitaillement après l’éclosion, la femelle se chargeant de nourrir les oisillons jusqu’à leur envol au bout de trois semaines.
Le hibou des marais, un hôte hivernal
Ce superbe oiseau aux grands yeux jaunes se fait rare en France, principalement en raison de la raréfaction de son habitat. Toutefois, de nombreux individus passent l’hiver dans nos contrées, à défaut d’y nicher.
Le hibou des marais mesure environ 38 cm pour une envergure d’un peu plus d’un mètre et un poids maximal de 350 g. Comme son nom l’indique, l’oiseau apprécie les estuaires et les marais salants, mais aussi tout espace découvert, sauvage ou cultivé, y compris en montagne. Les haies, les bosquets touffus et les friches conviennent bien comme sites de reproduction.
La femelle hibou des marais creuse son nid au sol et le tapisse d’herbe et de plumes arrachées à sa poitrine. Elle pond ensuite 5 à 7 œufs, à raison d’un tous les deux jours. L’incubation, assurée en grande partie par la femelle, dure 21 à 37 jours, durant lesquelles elle est ravitaillée par le mâle. Les oisillons s’aventurent hors du nid avant deux semaines et prennent leur premier envol au bout d’un mois.
Découvrez les rapaces nocturnes au Parc de Courzieu
Notre parc a une vocation essentiellement liée à la protection des espèces et des écosystèmes. Pour cela, nous participons notamment à plusieurs programmes internationaux de sauvegarde, en partenariat avec d’autres parcs engagés dans la même démarche. Le Parc de Courzieu possède des volières destinées à la reproduction, non accessibles au public, ainsi qu’une nurserie dédiée aux rapaces. Les jeunes vivent ensuite chez nous, ou sont placés dans d’autres parcs sélectionnés avec soin.
Pour permettre aux visiteurs de découvrir néanmoins les espèces de rapaces nocturnes, nous proposons chaque jour un spectacle en vol libre. Les oiseaux sont présentés en simulation de prédation et déploient toute la palette de leurs talents de chasseurs. Les chouettes, en particulier, s’illustrent avec délices durant cet exercice. Venez rencontrer nos pensionnaires à Courzieu dans le Rhône !
Vous souhaitez en apprendre davantage ? N’hésitez pas à visiter le parc et poser toutes vos questions à nos animaliers !