Que représente le loup ? Voyage au pays d’un animal de légende…
Présenté tour à tour comme une bête féroce, comme un puissant animal totem ou comme un simple maillon de la chaîne de la vie, le loup cristallise bon nombre de passions. Et cela dure depuis des siècles !
Si nos visiteurs nous posent des questions d’ordre comportemental, par exemple « pourquoi les loups hurlent ? », ils sont aussi avides d’informations relatives aux polémiques actuelles autour de l’animal.
Le loup est encore trop souvent victime des préjugés culturels et de la mésinformation. Nos soigneurs sont aussi là pour réhabiliter cet animal fascinant et mieux vous informer à son propos. Alors, que représente le loup aujourd’hui ?
Le loup et ses représentations dans les différentes cultures
L’image du loup est intimement liée aux croyances et à la culture du lieu. Ainsi, en Europe, Canis lupus a toujours souffert d’une image négative. Au Moyen ge, alors qu’on trouvait en France des milliers de loups, ceux-ci étaient chassés car ils représentaient une menace réelle pour le bétail. Ce rôle de prédateur, ainsi que les mœurs du loup, ont contribué à en faire le « méchant » idéal.
Dans les histoires, les contes et les légendes, le loup personnifie le mal à l’état pur, le chasseur sanguinaire et sans pitié. C’est ainsi que, peu à peu, l’animal a rejoint les croque-mitaines dans leur rôle traditionnel : permettre aux parents de brandir une menace suffisamment effrayante pour faire tenir leurs enfants tranquilles !
La symbolique du loup varie beaucoup en fonction des cultures. Dans la mythologie celte, par exemple, l’animal représente la ruse, mais aussi la métamorphose, la transformation. Il est également associé à la lune, ainsi qu’au dieu Cernunnos. Le dieu Lug, quant à lui, est accompagné de deux loups qui sillonnent la terre pour le renseigner.
Dans les mythologies nordiques, le loup est aussi très présent. Symbole de victoire guerrière, l’animal sert parfois de monture aux Valkyries. Dans le Ragnarök, le mythe de la fin du monde, c’est le loup géant Fenrir, fils de Loki, qui tue Odin, avant de dévorer le soleil et la lune… ce même dieu Odin qu’accompagnent fidèlement les loups Geri et Freki, qui veillent les dépouilles des guerriers morts au combat.
Dans la mythologie grecque, le loup représente la connaissance et la clairvoyance. Il est fréquemment associé à Apollon, dont la mère Léto fut changée en louve par Zeus.
Même l’Asie a fait une place au loup dans sa mythologie. L’animal y tient le rôle de gardien des contrées célestes. Gengis Khan, quant à lui, prétendait carrément descendre du loup !
Enfin, les cultures amérindiennes sont sans doute celles qui ont accordé le plus d’importance au loup. Dans la plupart des tribus des plaines d’Amérique du Nord, l’animal est considéré comme un puissant guerrier et un guide spirituel. Son mode de vie en meute et son habileté à la chasse résonnent fortement chez les peuples autochtones, qui se transmettent des légendes orales au sujet du loup de génération en génération. Dans les tribus amérindiennes, l’image du loup est positive : il est respecté pour son courage et sa loyauté et inspire l’humilité aux guerriers.
Le loup au fil du temps
S’il est un animal qui a peuplé les légendes depuis la nuit des temps, c’est bien le loup ! Bien que très peu représenté sur les peintures rupestres, le loup habite les histoires des premiers hommes. Ceux-ci sont partagés entre la crainte de la prédation, lors des débuts de l’élevage, et l’intuition que l’animal pourrait être un auxiliaire précieux pour la chasse. Paradoxalement, le loup est donc progressivement domestiqué… et catalogué comme nuisible.
Dans l’Antiquité, déjà, le loup a l’image d’un prédateur redoutable, et des philosophes aussi connus qu’Aristote véhiculent cette réputation. Toutefois, les mythologies de l’époque en font aussi un symbole de puissance ou de fertilité, comme en témoigne la légende de Romulus et Remus. Selon le mythe, ces deux frères orphelins furent recueillis et élevés par une louve, avant de fonder Rome quelques années plus tard.
Mais c’est au Moyen ge que la réputation du loup prend son virage le plus sombre. Les bestiaires médiévaux qui le montrent dévorant ses malheureuses victimes, les discours religieux le dépeignant comme un animal cruel et l’incarnation du diable achèvent de le rendre terrifiant et haïssable aux yeux des gens.
L’affaire de la Bête du Gévaudan rajoute encore une couche de mystère et de peur à la renommée du pauvre canidé. Bien qu’en réalité, on n’ait jamais prouvé qu’il s’agissait bien d’un loup, la terrifiante Bête qui fit 104 victimes en Lozère a largement contribué à l’instauration de la peur du loup.
Le loup dans les histoires et la littérature
Au fil des années, d’innombrables contes pour enfants ont mis en scène le loup dans le rôle du méchant. En voici quelques-uns parmi les plus connus :
- Le petit chaperon rouge, dans lequel le loup dévore la pauvre grand-mère et prévoit de faire subir le même sort à sa petite-fille – qui, heureusement, se méfie ;
- Les trois petits cochons, qui se font persécuter par un loup énorme, affamé et terrifiant, finalement vaincu par la perspicacité d’un des trois gorets ;
- Le loup et les sept chevreaux, conte particulièrement violent dans lequel le prédateur dévore les petits de la chèvre, avant de se voir ouvrir le ventre, lesté d’une pierre et jeter à l’eau par la mère en colère ;
- La chèvre de Monsieur Seguin, histoire du combat d’une chevrette désobéissante contre un loup cruel et féroce, écrit par Alphonse Daudet ;
- Pierre et le loup, le célèbre conte musical et allégorique de Prokofiev, dans lequel le loup – toujours méchant par essence – bénéficie pour une fois d’une certaine clémence.
Il serait possible de continuer longtemps cette énumération, mais il en ressort deux traits essentiels : le loup est représenté comme méchant et bête. Dans les histoires, comme le Roman de Renart, par exemple, le héros triomphe du loup par la ruse. On peut y voir une manière pour l’homme de se rassurer, lui, créature chétive et mal armée face aux prédateurs avec qui il partage le monde : son intelligence lui permet de gagner un combat où sa force ne fait pas le poids.
Enfin, le loup a également hérité d’une image de prédateur sexuel, malheureusement encore très employée de nos jours.
Florilège d’expressions et de dictons impliquant le loup
« Crier au loup », « laisser entrer le loup dans la bergerie », « se jeter dans la gueule du loup », « voir le loup »… Autant d’expressions couramment utilisées et, il faut l’avouer, peu flatteuses pour l’animal.
Parmi les dictons populaires, « L’homme est un loup pour l’homme » est particulièrement représentatif de la méconnaissance dont souffre le canidé. L’expression sous-entend un comportement dangereux et sanguinaire, alors que le loup est avant tout un animal discret, social, qui élève ses petits avec grand soin et fait preuve d’une extrême intelligence.
Un dernier proverbe résume bien la position inconfortable du canidé : « Il fait mal avoir nom loup, tout le monde vous tape dessus. ».
Le loup, cet animal qui cristallise tant d’émotions
Aujourd’hui encore, les opinions sur le loup restent très partagées et l’animal laisse rarement indifférent. Entre héritage obscurantiste et enjeux modernes liés à son retour en France, le pauvre Canis lupus fait couler beaucoup d’encre.
Pourtant, dans les pays où il n’a jamais disparu – l’Espagne et l’Italie n’ont jamais éradiqué l’espèce, contrairement à la France – la cohabitation se passe plutôt bien. La raison est simple : nous avons perdu l’habitude de vivre aux côtés des loups. Nous ne savons plus comment trouver un équilibre avec les super prédateurs, le lynx et l’ours ayant aussi été décimés dans l’Hexagone. La réintroduction ou la réapparition de ces espèces posent forcément question et font ressurgir les peurs ancestrales.
Le Parc de Courzieu s’est donné pour mission de tordre le cou aux idées reçues, et d’emmener le public à la découverte d’un animal attachant, intelligent et pacifique.
Venez rencontrer le loup en chair et en os…
Le Parc de Courzieu, dans le Rhône, héberge deux meutes de loups. Les loups gris d’Europe et leurs cousins, les loups arctiques, disposent de territoires distincts au sein des 25 hectares du site. Vous pourrez les admirer à loisir, sans les perturber, depuis les espaces d’observation aménagés à cet effet. Nos animaliers sont également disponibles pour répondre à toutes vos questions sur ce fascinant mammifère.
Venez rencontrer nos deux meutes de loups et les observer au sein de leur habitat !